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  • : Le blog de Arkhangelsk
  • : Journal de réflexions d'actualité et de notes poétiques sur le monde tel que je le vois.
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16 décembre 2008 2 16 /12 /décembre /2008 17:08
Je me vantais, il y a quelques jours, de ne plus tomber malade depuis que je prenais des gélules composées à partir de l'écorce d'un arbre sud-américain (Lapacho ou Pau d'arco). Le même soir, vendredi dernier, à la fois sous l'effet d'un coup de blues nervalien et du froid qui se mit à me pénétrer, je sentis les premiers effets grippaux : sinusite, fièvre, courbature, lassitude... La nuit fut chaude et agitée, mais très étrangère à toute jouissance sexuelle.

La seconde nuit fut encore plus éprouvante. Malgré la déficience du chauffage, je baignais dans ma sueur et restais comme en permanence arrêté au seuil du sommeil. Ce serait peu de chose si je n'avais aussi éprouvé un intense désespoir : l'impression de contempler, les yeux fermés, comme une béance obscure symbolisant l'insignifiance totale du monde et de tout ce qui le compose. M'est revenue à l'esprit la formule de Nerval, le soleil noir de la mélancholie. Mélancholie semble, de nos jours, délicat, presque tendre ! Ce soleil noir n'était pas tendre...
Le plus douloureux était l'impression de vérité irréversible qui s'attachait à ce sentiment fasciné et dont la conclusion ne pouvait être que le suicide.  Depuis j'ai pensé à Cioran et à ses insomnies, comprenant le gage de lucidité et d'anti-sentimentalité que sa pensée rayonne comme un soleil de glace, le plus brûlant car il attaque d'emblée l'intérieur, le coeur de la part d'être que nous sommes.

Je sais bien que ce n'était qu'un moment de fièvre, un déraillement synaptique due au chauffage à blanc de ma circulation sanguine.
Je sais bien qu'il n'y a pas une Vérité absolue, mais que nous construisons notre chemin vers celles qui nous sont accessibles, progressivement... et pourtant cette béance obscure est une de ses facettes, une de ses portes peut-être.
Malgré les justifications rationnelles, si pauvres, il m'en reste une trace, intérieure, presque physique, comme une scarification initiatique ; les exégètes juifs et chrétiens parlent de la circoncision du coeur, ça ressemble peut-être à cela.
Pour l'instant, ça ne me remplit pas de joie, mais comme tout ce qui est de l'ordre de l'humain naît et meurt, ainsi ses sentiments. Cette expérience dérisoire face aux milliards de souffrances en cours sur cette planète perdue au coeur de la Voie lactée m'a aussi transmis cette pensée : je peux tout aussi bien construire ma vérité face à toute vision de néant, elle n'est ni plus ni moins dérisoire qu'elle, plutôt moins si elle se fonde sur l'ouverture aux autres et à leur apporter un moyen d'oublier la part de souffrance profonde qu'est le sentiment de solitude et de néant qui gît et gémit au coeur de notre ego.
 
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